Franck Bordas et Tim Maguire, impression de Falling Snow, Studio Bordas, photo Ianna Andréadis
Comment situer le tirage numérique entre création originale et reproduction ?
Le numérique, avec sa précision sans cesse améliorée, va désormais au-delà de la perception de l’œil humain et permet l’obtention de contretypes quasi-parfaits. Cela en devient troublant, cet effet «Lascaux 2», celui d'une copie qui restitue une sensation du réel. Un concept de reproduction mais avec l'intensité d'un geste original.
Mais plus que jamais, il reste essentiel de distinguer l’estampe originale, c’est à dire conçue et créée spécifiquement par son auteur en utilisant les moyens techniques à sa disposition, et l'estampe de reproduction. Le numérique offre de nouveaux champs d'exploration et un nouveau langage reste à inventer.
Les artistes d'aujourd'hui peuvent ainsi s'approprier ces nouvelles possibilités et c'est dans cet esprit que l'impression numérique vient prolonger les gestes essentiels de la gravure. C'est toujours l'acte de création et sa conception originale qui en font une œuvre originale imprimée.
Franck Bordas, extrait d'une rencontre pour Étapes Graphiques à l'École d'Art de Lorient, mars 2012
Mais qu'est-ce donc que l'estampe numérique ?
On entend par estampe une œuvre artistique imprimée à l’aide des différents procédés d’impression. On distingue l’estampe originale, créée directement par son auteur et l’estampe de reproduction, gravée ou dessinée d’après une œuvre pré-existante.
L’estampe à été popularisée dès ses origines au XVe siècle, pour reproduire et diffuser les grands tableaux de maîtres, les images pieuses, mais aussi les images profanes. L’estampe est à la peinture ce que l’enregistrement est à la musique. Un moyen de diffusion et d’accessibilité à un large public, mais c’est également un art et un moyen d’expression en soi, qui a toujours attiré les plus grands artistes au cours des siècles.
L’histoire des techniques d'impression ne cessant d’évoluer, la fin du XXe siècle a vu arriver l'ère du numérique.
La découverte remonte aux années 60 dans les laboratoires de l’Université de Stanford en Californie aux USA. La technologie a tout d'abord été développée par des informaticiens, pour tirer des sorties papiers des programmes des ordinateurs. C'est IBM qui a breveté cette technologie dans les années 1970. Le tirage jet d’encre date de la fin des années 80, avec l’utilisation des machines conçues pour l’épreuvage dans l’imprimerie. 10 ans plus tard, les têtes d'impression sont capablse d’atteindre des résolutions photographiques. En 2000, apparaissent les encres pigmentées.
Aujourd'hui, l’impression numérique est devenue l'une des principales techniques d'impression de la photographie, mais elle est également entrée dans le champs des techniques utilisées par les artistes. Le flux des données numériques vient ainsi s'ajouter aux techniques d'impression des matrices traditionnelles.